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La sociologie économique s'avère une discipline

发布时间:2017-03-09
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INTRODUCTION

La sociologie économique s'avère une discipline qui étudie les faits économiques en les considérants comme des faits sociaux. Elle s'adresse aux économistes et aux sociologues pour qu'ils étudient ces faits en considérant la dimension sociale que comportent de tels faits sans négliger pour autant la dimension intéressée qui est y centrale. Elle suggère qu'il serait très utile de faire se rencontrer les théories économiques et sociologiques de manière à fournir de meilleures explications des faits économiques que ne le font l'un et l'autre de ces deux savoirs lorsqu'on les met en œuvre d'une manière isolée ou plus pire de façon contradictoire. Les comportements économiques ne sont pas tous rationnels et les raisons sociologiques le sont souvent. En effet l'intérêt de la sociologie contemporaine provient de sa capacité à investir le champ des faits économiques pour les expliquer d'une manière pertinente, voire d'une manière qui soit plus pertinente que ce qu'offre la théorie économique seule. La prise en compte des relations sociales explique la façon dont les individus trouvent un emploi ou pourquoi certains réseaux ethniques sont plus performants que d'autres lorsqu'il s'agit de créer des entreprises. La sociologie économique prend en charge le fait que l'économie n'est pas seulement une pratique, car elle est une représentation culturelle largement diffusée sous la forme de pratiques gestionnaires et qu'elle fait l'objet d'une élaboration savante sous la forme de théorie économique. Certains développements de la théorie économique ceux des théories dites hétérodoxes comme la théorie de la régulation ou l'économie des conventions, mais pas uniquement ceux là, rejoignent ceux de la sociologie économique des sociologues.

La sociologie économique cherche à montrer en quoi le marché, le capitalisme et la diffusion de formes de connaissances économiques jouent un rôle essentiel dans l'organisation et dans l'évolution des sociétés. Les approches sociologiques consacrées aux rapports entre économie et société ne sont pas unifiées.

Il faudrait se demander quelle stratégie les sociologues de l'économie doivent appliquer pour rééquilibrer leur rapport avec les économistes. Est-il réaliste de leur demander de travailler sur les prix, les relations quantitatives entre variables et d'être concurrentiel ? Est-il préférable de réaliser une synthèse avec les économistes hétérodoxes (institutionnalisme, théorie de la régulation, école des conventions) voire de créer une théorie économique basée d'autres hypothèses ?

Tout au long de cette recherche nous allons aborder deux grandes parties. La première partie va être consacrée à l'étude du contenu de la discipline de la sociologie économique après avoir mis en évidence le cadre de la pensée économique et sociale. Pour cela elle sera elle-même subdivisé en sous-parties. Une présentation générale de la périodisation et l'histoire de la sociologie économique sera en premier lieu traiter afin de parvenir à exposer la nouvelle sociologie économique en détails ainsi que le retour à la perspective originelle de l'économie politique. L'objet de la deuxième partie serait la thèse originelle de Karl Polanyi qui est encastrement/désencastrement de l'économie dans le social ainsi que sa remise en cause par Granovetter.

PREMIERE SECTION- LA SOCIOLOGIE ECONOMIQUE

I- LA PENSEE EN ECONOMIE ET EN SOCIOLOGIE

A- Présentation des sciences économiques:

Les sciences économiques traitent trois questions reliées entre elles; l'allocation des ressources utilisées pour la satisfaction des besoins humains, la répartition des revenus entre individus et groupes, et la détermination du niveau du revenu national et de l'emploi. Les économistes étudient ces questions soit sous l'angle microscopique en analysant les comportements des agents individuels de l'économie nationale qui sont les entreprises, les travailleurs et les consommateurs, soit sous l'angle macroscopique en favorisant les agrégats économiques que sont notamment l'investissement et la consommation, le niveau général des taux d'intérêt et des prix ainsi que l'emploi global et le chômage.

L'économie s'interroge de façon récurrente sur les raisons qui font le pouvoir d'achat augmente. Une hausse du pouvoir d'achat général de la population provient d'un accroissement de la productivité. Pour l'économiste comme pour le citoyen, il est essentiel de comprendre comment cette augmentation globale se diffuse dans chaque classe sociale. Est-ce la négociation sociale l'action syndicale, voire l'affrontement qui repartissent le surplus productif, ou est-ce la concurrence et le marché qui permettent une répartition des revenus à la fois équitable et économiquement efficace?

B- Histoire de la pensée économique:

L'histoire de la pensée économique donne de la science économique une représentation ambivalente: d'une part elle apparait comme cumulative c.à.d. que comme toute science les résultats nouveaux s'obtiennent grâce à une critique des modèles théoriques antérieurs qui ont été en partie contredis par les faits cependant d'une autre part on voit perdurer des oppositions doctrinales qui lui donnent un caractère pluri paradigmatique , où les oppositions entre libéraux , marxistes et keynésiens se persistent.

Tous les courants philosophiques se sont intéressés à la production, à l'échange et à la consommation des richesses. Ainsi Aristote définit l'activité marchande comme une chrémastique. Il divise la science de l'homme en trois branches: la science de l'activité individuelle, l'éthique; la science de l'activité en famille, l'économique; la science de l'activité dans la cité, la politique. La production de la richesse se fait au sein de la famille et pour la famille. D'où il condamne le prêt à intérêt, le travail salarié et le commerce. L'église catholique a formulé une doctrine économique et sociale d'inspiration aristotélicienne.

Aux XVe siècles et aux XVIe siècles, la renaissance est marquée par l'ascension irrésistible du capitalisme commercial basé justement sur le prêt à intérêt, le travail salarié et le commerce. Ce n'est pas dans la famille ni pour la famille que doit se faire la création de richesses mais dans la nation et pour la nation.

L'Etat doit alors encourager et stimuler la production de richesses telles est le fondement de la nouvelle doctrine mercantiliste aux XVIe et XVIIe siècle. La critique des mercantilistes commence dès la fin du XVII e siècle et constitue la matrice du libéralisme économique. John Locke véritable fondateur du libéralisme politique. Une école se forme qui est celle des physiocrates autour de Quesnay. La richesse ne provient pas de l'acquisition de monnaie par le commerce mais de la création de biens. L'agriculture représente l'activité de base de cette création de richesse et pour qu'elle se diffuse dans toute l'économie il faut abolir les barrières au commerce et les réglementations. La diffusion et la circulation de cette richesse permettent à Quesnay de construire une vision de l'économie comme un circuit.

Adam Smith est considéré comme le fondateur de l'économie politique. Il critique les physiocrates sur un point essentiel: l'individu n'est pas stérile et peut être source de richesse. Le travail devient dès lors une source de valeur. Le courant classique repose sur deux principes fondamentaux. D'une part, le principe de liberté dans la vie économique, directement relié à la liberté individuelle dans tous les rapports sociaux. D'autre part, la glorification du travail comme source d'accumulation. Pour eux c'est le marché et les lois des débouchés qui guident le fonctionnement de l'économie. Il faut laisser la plus grande liberté aux échanges. La loi des débouchés complète ce postulat. En effet tout ce qui produit peut être vendu car tout produit signifie un revenu équivalent qui sera dépensé. A long terme, l'offre et la demande ne peuvent que s'égaliser.

L'école classique va directement inspirer les 2 courants suivants qui ne retiennent qu'un des deux piliers de l'analyse ricardienne: les marxistes vont adopter la théorie de la valeur-travail en rejetant l'apologie du marché, et les économistes néoclassiques vont rejeter la théorie de la valeur-travail pour ne conserver que les équilibres sur les marchés, dont ils vont faire une modélisation approfondie. La pensée néoclassique a trouvé une nouvelle impulsion à partir des années 1970, lorsque la macroéconomie keynésienne a eu des difficultés à rendre compte des déséquilibres économiques une fois épuisée la croissance des 30 glorieuses. Cette contre-révolution classique est portée principalement par les deux courants monétariste avec Milton Friedman qui a fondé une théorie du revenu permanent et des anticipations adaptatives et a construit une fonction de demande de monnaie que renouvelle le quantitativisme néoclassique et la nouvelle économie classique qui rejette toute intervention de l'Etat supposé être perturbatrice de la régulation spontanée des marchés et se base sur des anticipations rationnelles.

La pensée keynésienne est issue du courant néoclassique mais son originalité tient à la rupture théorique radicale qu'il opère. Keynes construit une théorie monétaire de la production. Il remet en cause la neutralité de la monnaie et la séparation entre sphère monétaire et sphère réelle. Il suppose que la monnaie est demandée pour elle-même. La décision d'investir est selon lui à l'origine et l'épargne est un résultat. Le sous - emploi est possible à l'équilibre et par là- même une action corrective de l'Etat est justifiée. Trois grands courants keynésiens peuvent être mis en relief et qui sont le courant dit de synthèse, le courant postkeynésien et le courant se référant à la nouvelle économie keynésienne ou nouvelle macroéconomie keynésienne.

La révolution théorique opérée par Keynes subit les premiers assauts de la critique dès le début des années 30. Friedman et les monétaristes procèdent à une critique essentiellement interne et reprennent à leur compte certaines hypothèses du modèle keynésien, pour mieux le dépasser et le contredire. Les politiques conjecturelles sont inefficaces à long terme même si elles peuvent avoir des effets transitoires sur l'activité économique. Les nouveaux classiques invalident les thèses keynésiennes. Les politiques conjoncturelles s'avèrent inefficaces que ce soit à cout terme ou à long terme. Les tenants de l'école de l'offre mettent en évidence les effets desincitatifs de l'intervention étatique sur l'offre de facteurs et sur la croissance économique.

C- La pensée en sociologie:

Bien que le terme de sociologie ne soit apparu avec Auguste Comte qu'au milieu du XIXe siècle et que la sociologie ne soit devenue une discipline reconnu dans le champ universitaire qu'au début du XXe siècle, la démarche et l'interrogation sociologiques se sont constituées dès le XVIIIe siècle .

La sociologie se situe à l'origine, avec des questions macrosociologiques concernant le fonctionnement ou le devenir d'une société prise globalement, dans une chaine de continuité entre l'histoire, la philosophie de l'histoire et un projet sous-jacent d'intervention surla politique au nom du savoir. La microsociologie , étude de réalités sociales de niveau inferieur comme par exemple la famille , l'entreprise et l'église, de groupes sociaux ( les ouvriers) ou d'agrégats comme la criminalité à partir d'éléments recueillis au niveau de l'individu se développe au XXe siècle.

Deux courants principaux parcourent la sociologie. Le premier se rattache au français Emile Durkheim qui nourrit une méfiance extrême à l'égard de tout appel à la psychologie individuelle et il développe des modèles dans lesquels l'action humaine est largement expliquée par des conditionnements d'origine sociale, de position socioprofessionnelle ou d'âge. Influence marxiste et héritage durkheimien se conjuguent bien dans l'œuvre de Bourdieu et de Giddens. Le second mouvement d'idées se rattache à l'autre père fondateur, l'allemand Max Weber pour qui toute l'explication doit avant tout rendre compte du sens de l'action pour l'acteur. On parle de sociologie compréhensive ou d'individualisme. Parmi les nombreux travaux de sociologie spécialisée et appliquée, une place de choix doit être accordée à la sociologie des organisations, à celle des relations sociales du travail et celle de l'éducation.

Si l'on veut comprendre les rapports entre les individus, entre la socialisation et l'action, et donc l'importance de l'interaction, il faut évoquer les travaux du psychologue Suisse Jean Piaget qui a étudie la construction du jugement moral. L'enfant de 7 ans répond encore de façon égoïste. La notion du respect de l'autre, de la réciprocité et de la justice se forme entre 8 et 11 ans quand le groupe des pairs devient le milieu dans lequel évolue l'enfant, en concurrence avec le cadre familial. La socialisation ne signifie pas seulement l'intériorisation des normes de conduite inculquées par les parents et l'école, elle est aussi adaptation à la vie avec d'autres individus, capacité à percevoir les attentes d'autrui et à moduler sa réponse en fonction des objectifs de celui-ci

D- Utilité sociale de la sociologie:

Emile Durkheim n'hésitait pas à dire que la sociologie ne vaudrait pas une heure de peine si elle n'avait pas d'utilité pratique. Dans la seconde moitié du XXe siècle, le déclin de l'idée de société, donc celui des institutions, et le remplacement de ces notions comme objet de la sociologie par l'action ou les relations sociales n'ont pas ébranlé la confiance des sociologues en leur utilité.

L'utilité de la sociologie peut être, en partant de son éclairage plus théorique que doctrinaire, de réexaminer sous une forme actualisée quelques grandes questions de la philosophie, notamment celle de la justice. Qu'est-ce qu'une école juste? se demandait récemment François Dubet dans l'école des chances en 2004. Le rôle du sociologue est d'alerter des dangers pour l'existence de la société d'un trop grand écart entre les principes qu'elle affiche et la réalité que les gens vivent. Il perpétue une tradition critique de l'institution, laquelle ne signifie pas le dénigrement de l'idée d'institution en soi mais l'exploration des conditions de son adaptation à l'objectif de faire société.

II- HISTOIRE DE LA SOCIOLOGIE ECONOMIQUE

Depuis les fondateurs de la sociologie au XIXe siècle jusqu'à nos jours trois générations de travaux peuvent entre distinguées. La génération des classiques 1890-1940 commence avec la naissance et l'institutionnalisation de la sociologie au tournant au XXe siècle. La deuxième génération est la génération intermédiaire des modernes des années 1940-1970 est marquée par la coexistence de plusieurs types de travaux. Une troisième génération de travaux plus contemporaine prend ses racines dans les années 1970. Dans un contexte marqué par le déclin du marxisme et par le renforcement du paradigme néoclassique en économie, diverses options économiques hétérodoxes continuent d'alimenter un discours critique, auquel se joint une nouvelle sociologie économique.

Avant même l'émergence de la sociologie, Adam Smith et Karl Marx ont certainement été les précurseurs de l'analyse des rapports entre l'économie et la société. Smith contribue à fonder l'économie politique moderne en proposant une vision globale et libérale de l'organisation de la société. Marx transcende les découpages disciplinaires à venir mais son influence sur le développement de la sociologie sera plus grande que celle de Smith. Ce dernier a affirmé que l'individu n'est pas uniquement motivé par son intérêt personnel mais il agit aussi par sympathie qui se définie comme étant le mécanisme d'identification avec les valeurs partagées par les autres membres de la société de laquelle les individus reçoivent des approbations (récompenses) et des désapprobations(sanctions) en fonction de leur comportement. Chez Smith, le conflit peut contribuer à la détérioration du bien-être des riches et des pauvres. L'économie est encastrée dans le social. Elle s'intéresse à l'encadrement de l'intérêt personnel. Cependant les néoclassiques l'agent se comporte comme étant un atome. Smith ne sépare pas l'individuel du collectif. Le travail étant considéré comme étant une production de richesse et prend une forme de coopération sociale. Marx a insisté sur le rapport conflictuel entre les classes. C'est la coopération sociale qui règle les conflits et qui nécessite une division du travail. Pour Smith la résolution du conflit passe par le compromis c.à.d. le patron augmente le salaire, l'ouvrier augmente le travail. Néanmoins Marx a souligné que ce conflit ne se résout pas par le compromis. Il juge néfaste le renforcement de la division du travail mais il trouve bénéfique les conséquences de cette division à l'échelle de la société. Pour lui, c'est le mode de production qui détermine les sociétés.

Il existe un passage de Marx à Durkheim qui affirme que la solidarité n'a pas disparu. En effet c'est le passage de la division sociale du travail à la division du travail social.

Au sein de la discipline économique, un débat célèbre sous le nom de ùquerelle des méthodes» marque la seconde moitie du XIXe siècle. Cette querelle voit affronter, d'un côté, les économistes du courant ù marginaliste», né dans les années 1870 autour des travaux de l'une et, de l'autre part, l'école historique allemande, qui réunit des économistes tel que par exemple Wagner. Les néoclassiques vont substituer une théorie de la valeur-utilité à la théorie de la valeur-travail et en écartant de leurs analyses les facteurs historiques et intentionnels. En un mot la théorie de la valeur-utilité défendue par les néoclassiques considère que la valeur d'un bien est celle que lui attribuent subjectivement les consommateurs, alors que la théorie de la valeur-travail, défendue auparavant par les économistes classiques, ainsi que par Marx, liait la valeur d'un bien à la quantité de travail nécessaire pour le produire.

Les néoclassiques soulignent que la théorie économique doit se centrer sur l'échange marchand entre les agents supposés rationnels, sur la formation du système des prix et sur l'échange mathématique des conditions de l'équilibre général.

Max Weber va compléter la théorie économique par une sociologie économique et une économie sociale.

La période 1890-1920 s'avère crucial, tant du point de vue du développement de la sociologie que de ses rapports avec l'économie. Autour des deux figures Emile Durkheim (1858-1917) et Marx Weber (1864-1920) s'organisent deux conceptions de la sociologie économique traduisant un rapport différent à l'économie politique.

Marx Weber a joué le rôle essentiel dans le lancement de la sociologie économique. Il serait le fondateur de la discipline alors que Durkheim serait celui qui lui donna ses lettres de noblesses.

Weber va inclure la théorie économique, l'histoire économique et la sociologie économique dans l'économie sociale. La socio-économie constituait le champ le plus large alors que l'économique correspond au champ le plus restreint. L'action économique est une action sociale dans la mesure où elle est orientée par le comportement d'autrui et car elle comporte des dimensions proprement sociales et culturelles.

Joseph Schumpeter qui a collaboré avec Weber ajoutera la statistique économique. Il apportera d'importantes contributions à la sociologie économique à travers ses travaux surl'entrepreneur, l'innovation ou la fiscalité ainsi qu'à une sociologie générale de l'économie à travers ses réflexions sur le capitalisme.

La sociologie économique a reconnu plusieurs renouvellements liés aux évolutions de ces deux disciplines entre les années 1940-1970. Dans les années 1970, le renouveau de la sociologie économique s'inscrit dans un paysage intellectuel scientifique et idéologique marqué par le déclin du marxisme et par le regain de l'économie néoclassique. Une séparation entre économie et sociologie est mise en relief pendant cette période. Parallèlement le modèle néoclassique est appliqué à d'autres champs que ceux de l'économie. Becker applique la théorie du capital humain et de la théorie du choix rationnel dans sa version la plus utilitariste à des phénomènes sociaux comme par exemple la discrimination raciale, le mariage, le divorce, la fécondité et l'altruisme. D'autre part Granovetter souligne l'attaque de la sociologie à l'étude néoclassique du marché. Avec lui la sociologie économique a été renouvelée.

La monnaie est un moyen d'échange qui permet de réaliser des transactions. Les économistes mettent en évidence les difficultés à organiser une économie d'échange sur la base du troc et justifient l'apparition des monnaies comme l'innovation permettant enfin aux activités de commerce de se développer. Si la monnaie comporte une dimension économique indéniable, elle a été et reste aussi un instrument de lien social. Michel Algietta et André Orléans en font même l'une des expressions fondamentales du rapport d'appartenance qui lie les individus entre eux. D'où le caractère violence et confiance de la monnaie. D'autre part le don pourrait être considéré comme étant un lien social et une forme d'échange.

Selon M.A.U.S.S la logique du don s'avère étant le fait que l'échange marchand n'obéit pas seulement à l'intérêt mais s'insère dans des liens sociaux.

III- LE RENOUVEAU DE LA SOCIOLOGIE ECONOMIQUE

A- La nouvelle sociologie économique:

Plusieurs courants de pensée classique ont réduit le comportement des agents économiques à un comportement égoïste et individualiste guidé par la recherche de maximisation d'intérêts chose qui a été sujet de critique par les courants qui affectent à l'agent économique un comportement de socialisation et d'intériorisation de schémas comportementaux dictés par les valeurs , les normes et les coutumes de la société.

En effet, est-ce que les modèles économiques expliquent les phénomènes sociologiques ou se sont plutôt les modèles sociologiques qui décrivent les phénomènes économiques?

L'entreprise opère dans un contexte économique plus large et plus complet comportant plusieurs agents économiques. Ce contexte économique a été longtemps l'objet de recherches et de plusieurs courants de pensée dont celui de la nouvelle sociologie économique qui fera l'objet de cette partie.

La nouvelle sociologie économique est en fait une réponse d'une part à la crise dans le domaine des savoirs sur l'économie et la société qui est la crise des paradigmes néoclassique, keynésien et marxiste et d'autre part à la crise dans le monde réel de l'économie qui est en fait la crise du fordisme et de l'Etat providence et émergence de la mondialisation. La nouvelle sociologie économique se distingue en prenant l'économie pour l'objet d'étude. Elle se propose alors d'en faire non seulement une critique mais d'en proposer également une alternative. Elle met en avant l'encastrement social du marché, le caractère pluriel de l'économie, la multiplicité des formes de coordination des activités économiques et la multiplicité des logiques d'action ayant pour mobile non seulement l'intérêt mais aussi le pouvoir, la reconnaissance et le statut.

La sociologie économique serait pour Weber une sociologie interprétative de l'économie, au sens d'une étude sociologique de l'objet économique. En effet, la sociologie économique est une science compréhensive qui exige deux personnes au moins.

Le renouveau de la sociologie économique se base sur la réaffirmation de la dimension sociale de l'action économique en postulant que cette dernière est toujours socialement située. Contrairement aux postulats de la microéconomie standard, l'échange économique n'est jamais indépendant des relations de personne à personne et des facteurs extra-économiques. En ce sens, il fait toujours société. La nouvelle sociologie économique propose une vision intimiste du lien social qui l'empêche de penser toute la spécificité sociologique de la relation marchande. Dans la perspective de saisir cette spécificité, une relecture microsociologique des analyses simmeliennes de l'action réciproque et des approches ethnographiques récentes des relations marchandes permet de repenser les formes élémentaires du lien social en insistant sur la socialisation secondaire du marché. Cette réflexion critique débouche sur l'esquisse d'un programme de recherches visant à rendre compte des conditions de fonctionnement de la vie économique moderne la plus ordinaire et fondée sur les relations purement marchandes.

Bien que Mark Granovetter prenne soin de se démarquer tout à la fois des approches sur-socialisées de la sociologie économique et des approches sous-socialisées de l'économie lorsqu'il en vient à la définition de son projet de recherche, c'est clairement la confrontation avec le nouvel impérialisme économique qui est le cœur des ses préoccupations. Pour lui il faut lutter contre l'individualisme qui domine l'économie moderne.

Comme le souligne Steiner, la nouvelle sociologie économique a vocation à prendre en charge les différents domaines du mécanisme marchand sur lesquels la théorie économique tient l'essentiel de son discours.

Comme l'écrit Richard Swedberg, peu suspect de partialité en faveur de la théorie économique, aux yeux de nombreux observateurs, il est clair que la science sociale la plus importante de notre temps est l'économie, plus précisément le type d'économie qui est habituellement qualifié de mainstream et qui trouve sa place forte la plus puissante aux Etats-Unis, dans le corps professionnel de ses économistes. Devant cette réalité incontournable, la revendication d'une unité des sciences sociales organisée autour de la sociologie pourrait manquer de crédibilité.

Selon Coleman l'explication wébérienne descend jusqu'au niveau individuel et se scinde en trois propositions: la doctrine protestante pousse les fidèles à adopter certains valeurs; ces valeurs poussent les individus à adopter certaines orientations au niveau du comportement économique; et certains de ces orientations adoptées par les individus favorisent le développement d'une organisation économique capitaliste de la société.

Valeurs comportements économiques

Les activités sont rationnelles par rapport à une fin, en valeur, affectuelles et traditionnelles. La rationalisation se définit comme étant une tendance au rationnel dans les deux domaines de l'Etat et du Droit a conduit au remplacement de l'affectif et du traditionnel par le calcul, la prévision, le formalisme et la gestion efficace des moyens en vue d'une fin.

L'appartenance au réseau social assure des avantages sociaux et des bénéfices économiques en raison du sentiment religieux associé à un climat de confiance. L'exclusion de la secte en raison de manquements à l'éthique signifiait en termes économiques la perte de tout crédit et le déclassement comme le souligne Weber.

B- La sociologie des réseaux:

L'étude du marché du travail démontre que les individus compensent l'incertitude informationnelle par la construction du réseau social. Ce dernier unit les individus qui apprennent à se connaitre. Ici, c'est la nature de l'information qui change. Dans les modèles d'économie des réseaux, il est notable que les prix ou les quantités, contrairement à ce qui se voit en microéconomie néoclassique, ne sont pas les seules informations pertinentes. Car les individus tiennent compte aussi de l'identité des autres acteurs ainsi que des profits passés associés à cette identité. En d'autres termes les relations ont lieu dans le cadre de paires d'individus que la sociologie nomme dyades. Ce que permettent de mesurer les modèles d'économie des réseaux, c'est justement la probabilité de formation d'une dyade à chaque séance d'échange. Cependant, les individus réagissent différemment à une même information. L'information disponible est donc filtrée par chaque agent. Dans tous les modèles d'ERS, les individus adoptent une règle de décision qui prend en compte plusieurs facteurs. Les meilleurs indicateurs du réseau d'interaction sont des indicateurs de structure, la structure dépend entre autre de paramètres culturels, psychologiques et historiques, et les gains de chaque agent sont fonction de la structure sociale. Malgré tout, quelques divergences subsistent, notamment parce que les économistes emploient un formalisme mathématique encore rare en sociologie.

D'une manière générale, un réseau est un ensemble d'acteurs rattachés par une relation comme l'a souligné Wasserman. Un réseau décrit ainsi le système formé par des liens directs et indirects entre les acteurs comme par exemple les contacts des contacts d'ego. Il peut faire intervenir une seule relation ou plusieurs. L'analyse structurale modélise les systèmes de liens existant entre les acteurs et décrit les propriétés des du réseau au moyen d'un ensemble de mesures. Alain Degenne et Michel Forsé en mettant la relation au centre de son propos, l'analyse structurale développe une approche dans laquelle l'action individuelle et le cadre institutionnel sont deux dimensions inséparables. Cette action individuelle puise dans les ressources qu'offre le réseau tout en étant contrainte par lui. A l'inverse, le réseau existe car des actions individuelles significatives mettent en relation les individus composant le réseau. L'action économique ne se déroule pas dans un vide social, elle n'est non plus la traduction mécanique de la structure sociale sur les décisions individuelles.

Granovetter critique les néoclassiques à partir des interactions; les agents économiques n'agissent jamais de manière isolée: situation d'interdépendance; relations interpersonnelles.

La nouvelle sociologie économique présente trois postulats et qui se résument par considérer toute action économique une action sociale; l'action économique se situe dans un contexte social et les institutions économiques sont des constructions sociales.

Selon Coleman le capital humain qui est défini comme l'ensemble des capacités productives de l'individu rendu possibles grâce à ces aptitudes personnelles au sens le plus large comme le savoir-faire et l'expérience professionnelle n'a aucune valeur sans le capital social. Sa rentabilité va dépendre du capital social. En effet le capital social couvre les différents aspects de la vie sociale est ce qui permet aux gens d'agir ensemble de créer des synergies et de forger des partenariats. Il est défini comme les réseaux et les normes, les valeurs et les convictions communes qui facilitent la coopération au sein de groupes ou d'entre eux.

Selon Olsen il existe une certaine inertie dans l'action collective. Cette dernière manifeste un intérêt commun lequel comprend un intérêt individuel et un intérêt collectif. Si l'action d'un groupe d'intérêt ou d'un intérêt réussit, elle bénéficiera à l'ensemble des individus du groupe. Il en résulte que l'action a la nature d'un bien collectif. D'où chaque membre est rationnellement incité à ne pas payer le coût d'une participation à une action du groupe. En conclusion le groupe reste inactif.

Les théories de l'action collective se sont intéressées aux situations où il existe un intérêt commun entre des individus dans un groupe et un conflit potentiel entre cet intérêt commun et l'intérêt individuel de chacun.

A l'interieur d'un réseau, une contrainte pèse sur les relations fortes qui sont fréquentes d'une durée importante et émotionnellement intenses) : Si les liens entre A-B et A-C sont des liens forts, il ne peut pas ne pas exister au moins un lien faible entre C et B puisqu'il est peut probable que A et B d'une part, A et C d'autre part aient des relations fortes sans que B et C ne soient amenés à se rencontrer. Il suit que le lien (pont) ou les liens (ponts locaux) qui rattachent deux groupes fortement connectés sont des liens faibles. D'où le concept sur la force des liens faibles qui en effet ce sont les liens faibles qui sont susceptibles d'apporter des informations nouvelles et pertinentes à l'intérieur d'un réseau de relations fortes familiales ou amicales.

DEUXIEME SECTION- KARL POLANYI

ù Une fois que le système économique s'organise en institutions séparées (...) la société doit prendre une forme telle qu'elle permette à ce système de fonctionner suivant ses propres lois ».

Karl POLANYI (1983).

Polanyi pose la question des régulations sociales et politiques de l'économie. Comme Durkheim, il fait le constat d'une atomisation croissante de l'économie par rapport au reste de la société. Le libéralisme économique constitue à ses yeux une véritable innovation intellectuelle. En définitive, l'un des apports importants de Polanyi réside en effet dans sa mise en perspective du rôle des idées, et en particulier des doctrines économiques libérales, dans l'autonomisation de l'économie. Proche de ce point de Weber, il prouve en opposition à Marx que les idées jouent un rôle indispensable dans l'évolution des sociétés, évolution qui ne peut être interprétée à l'aide d'une théorie purement mécanique de la différenciation sociale. Partant d'autres voies que celles explorées par Durkheim, Polanyi partage en nuançant le constat d'une désorganisation engendrée par le développement non maitrisée du marché. Les deux théories posent le problème des conséquences délétères de la désinstitutionalisation dans des sociétés dominées par les régulations marchandes. Les analyses de Polanyi rencontrent à ce titre un écho dans des interrogations contemporaines relatives à l'évolution des relations entre l'économique, le social et le politique. La vision polanyienne continue de mourir des approches critiques de la modernité économique, approches qui se donnent pour but de repenser les fondements normatifs de l'économie et de réaffirmer l'irréductibilité du lien social au lien marchand.

L'idée générale de Polanyi est que les faits économiques sont originellement encastrés au sein de situations qui ne sont pas - ni leurs fins ni leurs moyens - de nature économique. Dans cette perspective, l'économie de marché, régie par la concurrence et le mobile du gain, qui implique la confrontation d'offreurs et de demandeurs anonymes dans laquelle les prix sont indépendants des rapports sociaux entre les personnes ne peut être naturelle mais résulte d'un long et difficile procès d'institutionnalisation nécessitant un désencastrement de l'économie de la structure sociale, c'est à dire la destruction des règles traditionnelles et l'isolement de l'échange des relations sociales antérieures, et un réencastrement au sein d'institutions purement économiques. Pour le dire simplement, une économie de marché ne peut fonctionner que dans une société de marché : ù L'économie de marché implique une société dont les institutions sont subordonnées aux exigences du mécanisme du marché »

Pour démontrer que les mobiles économiques trouvent leurs origines dans la vie sociale, Polanyi a recours à une typologie. Celle-ci vise à révéler les voies par lesquelles l'organisation des activités économiques est intégrée selon trois ù principes de comportement » ou ù formes d'intégration » : les échanges à base de dons, c'est-à-dire la réciprocité, les échanges administrés, c'est-à-dire la redistribution, et enfin l'administration domestique qui consiste à pourvoir au besoin de son groupe d'appartenance. La mise en relation des formes d'intégration avec leur environnement naturel et social met en évidence l'institutionnalisation du procès économique, ou comment une économie acquiert de la récurrence et de l'interdépendance entre ses éléments constitutifs, en d'autres termes unité et stabilité.

Chaque principe de comportement repose en effet sur des arrangements institutionnels appropriés, ù les modèles de supports structurels » encore appelés ù agencements institutionnels particuliers » : la symétrie, la centricité et l'autarcie, et ce, quelle que soit la société considérée. Les arrangements institutionnels et les principes de comportement s' ù ajustent mutuellement ». Dans l'esprit de Polanyi, les arrangements institutionnels qui soutiennent les formes d'intégration, leur organisation de base et leur validation émanent de la sphère sociale car les ajustements mutuels constituent les mécanismes de coordination socio-économique fondamentaux au travers desquels l'encastrement sociétal de l'économie opère : les principes de comportement ne peuvent trouver leur application que si les modèles institutionnels existants s'y prêtent

Pour Polanyi, la formation des prix dans ces sociétés pré-modernes est donc déterminée par deux mécanismes, la tradition en cas de société principalement réglée par la réciprocité et le commandement en cas de société principalement réglée par la redistribution. S'il reconnaît que l'échange régulé par la libre rencontre entre l'offre et la demande est un phénomène qui se retrouve également dans ce type de sociétés, il constate que les prix ne dirigent pas la structure de la production et de la distribution des revenus. Celle-ci demeure étrangère aux influences de marchés régulés par les seuls prix : la subsistance même de l'homme n'est pas atteinte par les fluctuations des marchés. Les seules fluctuations de prix ne prouvent pas l'existence d'une économie de marché. Ce point est central dans l'argumentation polanyienne sur les marchés car le concept de forme d'intégration définit un système socio-économique dans la mesure où il s'étend à la sphère productive et, en particulier, lorsqu'il régule l'usage du travail et de la terre. Dans cette configuration, il serait donc vain de vouloir appliquer à ces sociétés une analyse centrée autour de l'échange marchand. Au sein de ces sociétés : ù les relations sociales de l'homme englobent (...) son économie » (Polanyi, 1983 p. 87) et le système économique n'apparaît être qu'ù une simple fonction de l'organisation sociale »

Se substitue à la notion d'encastrement celle d'économie de marché comme procès institutionnalisé. Cette économie requiert l'adaptation des relations et des institutions sociales afin d'assurer le fonctionnement autonome du marché et sa reproduction. Le marché autorégulé deviendrait désormais la vérité avérée du monde, instituant l'économie - réduite au seul marché - comme déterminant la société, comme étant la société, son intelligibilité. L'économie de marché serait dorénavant encastrée au sein d'une société de marché : ù La maîtrise du système économique par le marché a des effets irrésistibles sur l'organisation tout entière de la société : elle signifie tout bonnement que la société est gérée en tant qu'auxiliaire du marché. Au lieu que l'économie soit encastrée dans les relations sociales, ce sont les relations sociales qui sont encastrées dans le système économique.

I- De Granovetter A Polanyi A MAUSS:

La notion d'encastrement, à la suite des travaux de Granovetter, s'est imposée comme centrale dans la nouvelle sociologie économique. En prenant acte tout à la fois de l'importance et de la polysémie du concept, il s'agit dans cette contribution de revenir sur le débat entre Granovetter et Polanyi.

Rapportée à la modernité démocratique, la démarche de Polanyi permet de mettre en évidence un double mouvement caractérisant les rapports entre économie et société, dont les grands traits sont synthétisés dans la deuxième partie. Si l'on adopte une telle lecture, la convergence entre Polanyi et Mauss apparaît alors dans une approche plurielle de l'économie.

Pour Polanyi, l'économie recouvre l'ensemble des activités dérivées de la dépendance de l'homme vis-à-vis de la nature et de ses semblables. Par encastrement, il désigne l'inscription de l'économie ainsi définie dans des règles sociales, culturelles et politiques qui régissent certaines formes de production et de circulation des biens et services. L'encastrement selon Granovetter rend compte de l'insertion des actions économiques dans des réseaux sociaux, qu'il convient de cerner à partir des relations personnelles et des structures de celles ci. Il s'agit d'étayage sur des réseaux sociaux qui peuvent, par exemple, expliquer l'itinéraire suivi par des entreprises dans leur développement, certains choix techniques renvoyant à des relations de confiance entre responsables d'entreprises et experts. Il n'en demeure pas moins que ces parcours sont finalisés dans une économie marchande. Granovetter propose donc d'expliquer certaines trajectoires d'institutions propres à l'économie marchande, ce qui diffère du projet de Polanyi, centré sur l'explicitation de la dynamique du marché et l'analyse de ses conséquences sur la démocratie. Il émane de cette décomposition du concept englobant d'encastrement une possibilité d'en mobiliser les différentes acceptions pour une sociologie de l'économie contemporaine. Ces acceptions de l'encastrement peuvent ne pas être opposées mais pensées en complémentarité, ce à quoi Granovetter invite en minimisant les critiques adressées au Polanyi " polémique " et en reconnaissant l'apport du Polanyi " analytique ".

Le message essentiel que l'on peut retenir de Polanyi est ailleurs, il réside dans l'identification d'un double mouvement qui caractérise l'économie dans la modernité démocratique : un premier mouvement exprime la tendance au désencastrement d'une économie restreinte à un marché autorégulateur et à une seule forme d'entreprise, un second mouvement lui répond, il exprime la tendance inverse au réencastrement démocratique de l'économie s'exprimant à travers une approche plurielle de celle-ci.

Polanyi souligne la pluralité des principes économiques et la dimension institutionnalisée du marché.

Le rapprochement avec Mauss mérite d'être noté puisque ce dernier reconnaît la pluralité des formes de propriété et insiste sur le fait que l'organisation économique est un complexe d'économies souvent opposées façonné par des institutions sociales évolutives. " La propriété, le droit, l'organisation ouvrière, sont des faits sociaux, des faits réels, correspondant à la structure réelle de la société. Mais ce ne sont pas des faits matériels ; ils n'existent pas en dehors des individus et des sociétés qui les créent et les font vivre, qui en vivent. Ils n'existent que dans la pensée des hommes réunis dans une société. Ce sont des faits psychiques. Les faits économiques, eux-mêmes, sont des faits sociaux, donc des faits psychiques, tout comme les autres faits sociaux qui leur sont connexes, qu'ils conditionnent et qui les conditionnent, le droit de propriété par exemple " Si la propriété individuelle ne peut être remise en cause sauf à restreindre la liberté, peuvent y être ajoutées " une propriété nationale et des propriétés collectives par-dessus, à côté et en dessous des autres formes de propriété et d'économie ". Il n'y a pas un mode unique d'organisation de l'économie qui serait l'expression d'un ordre naturel, mais un ensemble de formes de production et répartition qui coexistent. " Il n'y a pas de sociétés exclusivement capitalistes... Il n'y a que des sociétés qui ont un régime ou plutôt des systèmes de régime plus ou moins arbitrairement définis par la prédominance de tel ou tel de ces systèmes ou de ces institutions ".

Pour Mauss, les représentations individuelles induisent des actions et pratiques sociales que les institutions normalisent par la politique traçant le cadre dans lequel les pratiques peuvent se déployer et influant en retour sur les représentations. Les institutions sont changeantes parce que ce sont des conventions sociales qui à la fois expriment et délimitent le champ des possibles ; leur étude peut permettre d'acquérir " la conscience précise des faits et l'appréhension, sinon la certitude de leurs lois ", elle aide aussi à se détacher de cette " métaphysique " dont sont imprégnés " les mots en isme " comme capitalisme. Affirmer l'existence d'une société capitaliste revient à supposer une coordination parfaite des représentations individuelles, il existe en réalité une dominante capitaliste puisqu' un système économique se compose de mécanismes institutionnels contradictoires, irréductibles les uns aux autres ". Autre convergence entre Mauss et Polanyi : leur commune critique de l'intérêt matériel comme seule motivation individuelle dans la sphère économique. Alors que Mauss livre une intuition décisive en postulant que les échanges économiques relèvent du don, inextricable mixte d'intérêt et de désintéressement, Polanyi insiste sur la restriction de l'action rationnelle à l'action rationnelle en finalité comme conséquence logique de la définition formelle de l'économie. Selon ses termes, " le solipsisme économique" consiste à naturaliser l'action rationnelle en finalité, engendrant une dissolution des questions politiques dans le paradigme de l'intérêt : les motivations de l'homme ayant été dissociées en " matérielles " et " idéales ", les motivations matérielles sont les seules à intervenir dans l'activité économique. Pourtant, si l'individu est susceptible non seulement d'action rationnelle, entendue comme action instrumentale ou stratégique guidée par l'intérêt mais aussi d'action " raisonnable ", impliquant des considérations morales et un sens de la justice, voire une incontournable intersubjectivité, l'action sociale, y compris l'une de ses modalités qu'est l'action économique, peut relever de différents principes de légitimité. Ce sont alors les présupposés atomistes gouvernant la conception du sujet quand il est abordé comme acteur dans une axiomatique du contrat qui sont remis en cause. On retrouve sur ce plan les options de la théorie des conventions.

Comme cela a été le cas pour Mauss, la théorisation de Polanyi a été surtout mise à contribution pour les sociétés traditionnelles, mais il est possible d'argumenter que cette conceptualisation aide à lire la situation présente. L'apport de Polanyi et de Mauss peut être interprété comme la mise à disposition d'une grille d'analyse permettant d'appréhender le caractère pluriel de l'économie réelle par la mise en évidence de l'existence d'une diversité de principes économiques de répartition et de production en même temps que par l'attention portée aux formes d'encadrement institutionnel du marché. La référence à une économie plurielle présente l'avantage de respecter les faits et peut mettre à jour tant des complémentarités que des tensions et des conflits entre des polarités économiques.

On peut avec Granovetter préférer le Polanyi " analytique " au Polanyi " polémique ". Malgré la force des dynamiques du marché et du capitalisme dans la société contemporaine, l'économie réelle ne s'y est pas cantonnée. En d'autres termes, le marché autorégulateur ou la société de marché sont plus des horizons que des états de l'économie observés dans une période historique donnée. C'est pourquoi, la notion de " grande transformation " avec ce qu'elle implique d'inéluctable peut être remplacée par l'étude des tensions récurrentes entre économie et démocratie. Les sphères économique et politique ne sont ni confondues, ni séparées et l'étude des constructions institutionnelles à travers lesquelles s'est opérée leurs articulations peut constituer l'un des objets de la nouvelle sociologie économique.

Polanyi a proposé la notion de ùl'encastrement» qui consiste à intégrer les faits économiques à l'intérieur des faits sociaux, ensuite avec l'apparition du troisième modèle c.à.d. celui de l'économie d'échange.

II- Karl Polanyi et la grande transformation (1944)

Karl Polanyi s'est distingué, not

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